Quand on n'a plus rien à donner …

Il n'y a pas si longtemps, alors qu'on m'avait demandé de faire une lecture de la Bible et de la commenter lors d'un repas communautaire au sous-sol d'une église chrétienne en milieu urbain, j'ai hésité, et puis je me suis demandé comment je ferais pour ne pas répondre OUI à cet appel.

Pour l'occasion j'avais choisi un texte bien connu, celui de Matthieu 25, 34-46 où Jésus incite à donner à manger, à donner à boire, à héberger l'étranger, à vêtir celui qui est nu, à visité celui qui est malade, à aller à la rencontre des prisonniers… en soulignant que ce qu'on fait au plus petit que c'est à lui qu'on le fait et que ce qu'on ne fait pas, c'est à lui aussi qu'on ne le fait pas.

Quelle surprise lors du repas de voir arriver à l'Église quelques voitures de luxe et autant de personnes bien habillées pour la circonstance, mais aussi des personnes venues à pieds et habillées plus simplement. Par politesse et par délicatesse, avant le repas fraternel, j'ai fait le tour des tables, j'ai serré les mains, je me suis assis et nous avons parlé d'abord de tout et de rien, puis du Seigneur Jésus-Christ qui nous rassemblait tous et toutes autour d'un repas somme toute assez simple.

Un point commun réunissait ces personnes, la pauvreté spirituelle. Mis à part leurs besoins spécifiques, tous souffraient du silence de Dieu et plusieurs se sentaient coupables de ne pas en faire assez, certains par manque de temps, d'autres par manque d'intérêt, d'autres avaient toutes sortes de raisons, pas d'argent, trop gêné, pas d'automobile, peur du voisinage…

Lors de la prédication, je n'ai pu faire autrement que de suivre la piste que Dieu venait de me tracer. Certainement en les invitant à participer d'une manière ou d'une autre à une activité en faveur des démunis, des pauvres, des malades, des prisonniers, des soupes populaires, etc. mais plus encore que ça, pour les autres, pour ceux qui n'osent pas sortir de leur bulle, je les ai renvoyés à la prière, la toute puissante prière par laquelle nous avons une relation directe et personnelle avec Dieu. Puisque la prière peut chasser des démons (Mt 17,19-21), pourquoi ne serait-elle pas efficace pour soulager les peines, pour aider les missions, en fait, la prière du cœur, pleine de ferveur et de foi peut des miracles, elle guérit et redonne la vie.

Nous le savons tous, ce ne sont pas les œuvres qui nous sauvent, alors je les ai invité à ne pas se sentir coupable face à Dieu, Il est seul juge de ce qui est beau, bon et correct. Je leur ai simplement rappelé que lorsqu'on n'a plus rien à donner, qu'on ne sait pas comment s'y prendre, qu'on a toutes les raisons du monde de se retenir d'aller vers les autres, qu'il y a mieux, qu'il y a toujours une façon simple de donner, je les ai invité à donner une prière pour quelqu'un dans le besoin.

Lorsque nous avons prié tous ensemble pour terminer le repas et pour rendre grâce à Dieu de sa présence parmi nous, plusieurs avaient les larmes aux yeux, l'Esprit-Saint était passé par là.

Et ce n'est pas tout, moi-aussi j'ai été touché en plein cœur, moi qui ai toujours manifesté depuis l'âge de 4 ½ le désir de devenir pasteur sans jamais être appelé par une église malgré mes études universitaires en théologie, j'ai compris que mon appel était ailleurs. Cette rencontre a été fondatrice pour moi, je suis donc en train de mettre en place les premières pierres de ce qui deviendra dès janvier 2010, la Fraternité Chrétienne des Bons Samaritains, un organisme pour les chrétiens et chrétiennes de toutes confessions intéressés qui ont à cœur l'amour chrétien engagé et auquel vous êtes tous et toutes invités à participer à votre manière.

La prière dans la foi est un levier puissant, si elle peut soulever des montages (Mt 17,20) elle peut beaucoup pour chacun de nous. Nous en avons tous besoin, le monde en a besoin. Prions seul dans notre chambre ou prions en église, mais prions…

Je prie que Dieu nous y conduise tous.

Pierre Simard
St-Jean Chrysostome, Québec, Canada

viensetsuismoi@hotmail.com